Comment gérer l’absentéisme et le présentéisme au travail
- 5 octobre 2025
- Business, Entreprenariat
De 2007 à 2010, j’ai travaillé en Irlande chez Blizzard. Chaque salarié bénéficiait de 7 « sick days ». Il pouvait sans justification rester chez lui 7 jours par an s’il ne se sentait pas bien. Au-delà de 7 jours dans l’année, un certificat médical était requis.
J’appréciais la rationalité des anglo-saxons : faire un minimum confiance pour éviter les formalités et responsabiliser les employés.
Aujourd’hui, en France, les chiffres ont bien changé. En 2024, les salariés français se sont absentés en moyenne 23,3 jours par an selon le Baromètre de l’Absentéisme Ayming 2025. C’est 11 jours de plus qu’il y a 11 ans.
Est-ce un bon ou un mauvais chiffre ? Impossible de trancher simplement. Mais une chose est sûre : cette hausse interroge sur la santé au travail, l’organisation des entreprises et l’équilibre vie pro/perso.
📊 L’absentéisme en France : état des lieux 2024-2025
Les chiffres qui interpellent
Indicateur | 2024 | Évolution | Source |
---|---|---|---|
Taux d’absentéisme moyen | 4,84% à 5,9% | Variable selon études | Diot-Siaci, Verlingue |
Durée moyenne des absences | 21,5 à 23,3 jours | +3 jours vs 2022 | Ayming, Diot-Siaci |
Salariés absents au moins 1 jour | 33% à 37,8% | Légère baisse | Verlingue, Diot-Siaci |
Arrêts longs (>90 jours) | 9,1% des salariés | +7% vs 2023 | Verlingue |
Coût par salarié | 1 535€ à 1 700€ | +35% depuis 2019 | WTW |
Fait marquant : L’absentéisme a progressé de +41% par rapport à 2019 (pré-Covid).
Qui est le plus absent ?
Par sexe :
- Femmes : 6,07% de taux d’absentéisme
- Hommes : 4,04%
Par âge :
- Moins de 25 ans : 2,95% (absentéisme « perlé » : courts mais fréquents)
- 25-35 ans : 4-5%
- 35-55 ans : 5-6%
- 55 ans et + : 6,70% (arrêts plus longs : 39,7 jours en moyenne)
Par statut :
- Cadres : 2,29% (en hausse !)
- Employés/Ouvriers : 5-6%
- CDD : 2,01% (2x moins que les CDI)
- CDI : 5,10%
Les causes de l’absentéisme
Répartition des motifs d’absence :
- Maladies ordinaires/saisonnières : 50-55% (grippe, gastro, bronchite)
- Grande fatigue : 37%
- Risques psycho-sociaux : 22% (stress, conflits, climat social)
- Troubles musculo-squelettiques (TMS) : 20%
- Accidents de travail : 16%
- Maladies chroniques : 13%
Donnée surprenante : 34% des salariés absents en 2024 l’ont été pour des raisons autres que leur propre santé :
- 29% pour manque de motivation/lassitude/fatigue liée au travail
- 18% pour situation familiale (enfant malade, parent à charge)
- 16% pour conflit dans l’entreprise
🔍 Le paradoxe : des médecins sous pression
De nombreux médecins témoignent sur les réseaux sociaux de convocations parfois discutables de la part des caisses d’assurance maladie.
La Dre Claire Bigorgne, confrontée à des reproches sur le nombre d’arrêts de travail prescrits, répondait simplement : « Est-ce que c’est ma faute si mes patients ont des accidents de travail ? »
Non, évidemment. Dans certains cas, « la mise sous objectifs » des médecins semble curieuse.
À l’inverse, certains arrêts semblent parfois complaisants. Entre rigidité administrative et abus potentiels, comment trouver l’équilibre ?
⚙️ Solution 1 : Automatiser le contrôle des arrêts
Le système de contre-visite médicale
Face à un abus potentiel, tout chef d’entreprise peut être démuni. Quelle est la procédure ? Qui contacter ? Combien cela coûte ?
Des services comme Verilor proposent d’automatiser la démarche de contre-visite médicale :
Fonctionnement :
- Formulaire en ligne à compléter
- Coût : environ 130-150€ HT par contre-visite
- Recherche automatique d’un médecin à proximité
- Convocation au cabinet (en cas d’arrêt avec sorties libres)
- Envoi du résultat au client ET à la CPAM
Bénéfices :
- Simplicité administrative
- Réponse rapide (48-72h)
- Cadre légal respecté
- Dissuasion préventive
La question éthique : flicage ou protection mutuelle ?
Certains trouveront ce contrôle « horrible ». Je pense qu’il faut le relativiser.
Ayant été à la fois employé et employeur, je peux vous assurer que la grande majorité des dirigeants font confiance à leurs collaborateurs.
Le problème : que faire contre les 1% qui abusent et pour lesquels tout le monde cotise ?
La solidarité est un principe merveilleux quand tout le monde joue le jeu.
Autre bénéfice méconnu : La contre-visite peut aussi protéger l’employé. Plutôt que d’être arrêté plusieurs semaines avec un peu de suspicion de votre patron ou de vos collègues, la contre-visite peut indiquer clairement que l’arrêt est tout à fait légitime.
Cela restaure la confiance et évite les tensions au retour.
⚠️ Solution 2 : Combattre le présentéisme
Le piège sournois du « toujours présent »
Le présentéisme, c’est quoi ?
Venir travailler alors qu’on devrait s’arrêter pour raisons de santé (physique ou mentale).
Les chiffres du présentéisme en France :
- 74% des salariés pratiquent le présentéisme au moins 1 jour/mois (Ipsos)
- 28% le font 1 à 2 jours par semaine
- 15 jours/an en moyenne de présentéisme (WTW 2024)
- 34% des employés malades viennent quand même travailler
- 47,5% des femmes vs 35% des hommes
Le présentéisme représente 61% des dépenses de santé au travail – plus que l’absentéisme !
Pourquoi les salariés viennent-ils malades ?
Les vraies raisons (au-delà du salaire) :
- Charge de travail trop importante : « Si je m’arrête, ça va s’accumuler »
- Culpabilité : « Je vais surcharger mes collègues »
- Peur pour sa carrière : « On va penser que je suis fragile »
- Culture d’entreprise : Le présentéisme valorisé = « bon soldat »
- Pression managériale : Implicite ou explicite
- Manque de remplaçants : Dans les petites structures
« En France, le rapport au travail a une dimension symbolique très forte. Le discours est : vous avez un travail, vous avez de la chance, soyez présents même malades, soyez exemplaires. »
Les coûts cachés du présentéisme
Pour l’entreprise :
Impact | Détail | Coût estimé |
---|---|---|
Baisse de productivité | -30 à -50% de performance | Plus cher que l’arrêt |
Contamination | Grippe, gastro qui se propagent | Arrêts en cascade |
Accidents de travail | Fatigue = vigilance réduite | Risques accrus |
Arrêts plus longs | Ne pas se soigner = aggravation | +40% de durée |
Coût annuel par salarié :
- Femmes : 6 944€ (présentéisme lié à détresse psychologique)
- Hommes : 8 432€
À comparer au coût de l’absentéisme : 2 337€ (femmes) et 2 796€ (hommes).
Le présentéisme coûte donc 3x plus cher que l’absentéisme !
Mon expérience personnelle
Jusqu’à mes 38 ans et une pneumonie, j’étais fier d’un bilan impeccable en matière de présence au travail.
J’étais tout content de :
- Mener plusieurs activités de front
- Travailler « un tiers de semaine chaque jour »
- Me coucher vers 1h-2h après mes derniers mails
#SchippaAttitude (en référence à la déclaration polémique de Marlène Schiappa sur ses semaines de 100h).
Avec l’âge, selon l’alimentation, le sommeil et votre capital naturel, le corps réagit moins bien. Vous avez plus de risques de tomber malade et/ou de moins bien vous remettre.
Et cela peut tout simplement entamer votre espérance de vie.
Même chez Blizzard, entreprise américaine en Irlande, c’était affiché partout : « Donne tout ce que tu veux dans l’open space mais dors au moins 7-8h chez toi. »
🎯 Les bonnes pratiques pour l’équilibre
Pour les employeurs
1. Prévention active
- Actions de prévention santé (58% des salariés n’en ont pas connaissance !)
- Ergonomie des postes de travail
- Aménagement des horaires
- Formation aux risques psycho-sociaux
- Anticipation des parcours pour éviter l’usure
2. Flexibilité intelligente
Impact du télétravail sur l’absentéisme :
- Sans télétravail : 4,3% de taux d’absentéisme
- Télétravail occasionnel : 1,2%
- Télétravail régulier : 2%
Le télétravail réduit l’absentéisme de 50 à 70% !
Pourquoi ?
- Moins de fatigue des transports
- Meilleure gestion vie pro/perso
- Possibilité de se soigner tranquillement pour petits maux
- Moins d’exposition aux maladies contagieuses
3. Accompagnement des arrêts longs
Dispositifs encore trop peu utilisés :
- Entretien de liaison (dès 30 jours d’absence)
- Visite de pré-reprise
- Temps partiel thérapeutique
- Essai encadré
4. Dialogue et confiance
Pour les absences liées aux fragilités personnelles (enfant malade, parent âgé) :
- Adapter l’organisation
- Libérer le salarié à certains moments
- Éviter le stress de devoir mentir
« Sur ces sujets, le dialogue et la confiance sont importants. »
Pour les salariés
1. Respecter les signaux du corps
Les 7 signaux d’alerte :
Signal | Action |
---|---|
Fatigue persistante | Consulter avant l’effondrement |
Troubles du sommeil | Ne pas compenser par café/excitants |
Irritabilité inhabituelle | Signe de surmenage |
Infections fréquentes | Système immunitaire affaibli |
Douleurs musculaires | TMS en formation |
Perte de concentration | Cerveau en surchauffe |
Désinvestissement | Début de burn-out |
2. Gérer son énergie, pas son temps
Inspiré de mes années Blizzard :
- 7-8h de sommeil minimum (non négociable)
- Pauses régulières dans la journée
- Déconnexion après 19h (sauf urgence vraie)
- Sport ou activité physique (2-3x/semaine)
- Vacances vraiment déconnectées
3. Oser s’arrêter quand c’est nécessaire
Ne venez PAS malade si :
- Vous avez une maladie contagieuse (grippe, gastro, Covid)
- Vous ne pouvez pas maintenir 50% de votre productivité
- Votre état peut s’aggraver (fièvre, douleurs intenses)
- Vous représentez un risque (sécurité, conduite, manipulation)
Venez (éventuellement) si :
- C’est un petit rhume en fin de course
- Vous pouvez télétravailler
- C’est ponctuel et non contagieux
- Vous vous sentez capable à 70-80%
💡 Réconcilier confiance et responsabilité
Le modèle des « sick days » revisité
Le système irlandais/anglo-saxon a du sens :
7 jours/an de liberté totale
- Pas de certificat médical requis
- Responsabilisation du salarié
- Confiance a priori
- Simplicité administrative
Au-delà : Certificat médical obligatoire
- Protection de l’employeur contre abus
- Protection du salarié (arrêt légitime attesté)
- Accompagnement si problème de santé sérieux
Pourquoi ça marche ?
- Élimine le « présentéisme contraint » pour petits maux
- Responsabilise sans infantiliser
- Simplifie la gestion RH
- Réduit les arrêts longs (repos précoce = guérison rapide)
L’équilibre performance/santé
Je suis un gros joueur en réseau, un compétiteur. Je prends beaucoup de plaisir à travailler, à me fixer des objectifs et souvent à les atteindre.
Mais avec un peu plus d’aisance financière et d’expérience, j’ai pris conscience de l’impératif de préserver sa santé :
- Pour soi
- Pour sa famille
- Pour son entreprise (oui !)
Les journées à rallonge doivent être ponctuelles, avec des objectifs immédiats.
Cela permet de mieux savourer les pauses cafés et les départs à l’heure pile !
📋 Checklist : Gestion saine de la présence au travail
Pour les managers
- [ ] Politique sick days claire (X jours libres/an sans justification)
- [ ] Télétravail possible pour petits maux
- [ ] Refus du présentéisme affiché culturellement
- [ ] Contrôles exceptionnels (pas systématiques)
- [ ] Entretiens de liaison pour arrêts >30 jours
- [ ] Formation managers aux signaux de burn-out
- [ ] Ergonomie et aménagements préventifs
- [ ] Mesure du présentéisme (pas que l’absentéisme !)
Pour les salariés
- [ ] 7-8h de sommeil minimum
- [ ] Arrêt immédiat si maladie contagieuse
- [ ] Consultation médicale si fatigue >2 semaines
- [ ] Télétravail si possible quand état limite
- [ ] Vacances vraiment déconnectées
- [ ] Sport régulier (2-3x/semaine)
- [ ] Pas d’emails après 19h sauf urgence
- [ ] Signaler surcharge AVANT l’effondrement
🏆 Conclusion : La santé, investissement à long terme
L’absentéisme et le présentéisme sont les deux faces d’une même pièce : le déséquilibre entre travail et santé.
Les chiffres 2024-2025 sont clairs :
- Absentéisme en hausse (+41% vs 2019)
- Présentéisme stable mais coûteux (3x plus cher)
- Détresse psychologique en augmentation
- Arrêts plus longs et plus fréquents
Mais ce n’est pas une fatalité.
Les solutions existent :
- Confiance (système des sick days)
- Flexibilité (télétravail, horaires)
- Prévention (santé au travail, ergonomie)
- Culture (refus du présentéisme toxique)
- Dialogue (manager-salarié transparent)
La clé ? Comprendre que santé et performance ne s’opposent pas – elles se renforcent.
Un salarié reposé, en bonne santé, dans une entreprise de confiance, est infiniment plus productif qu’un zombie présentéiste ou qu’une organisation minée par les arrêts longs.
Comme chez Blizzard : « Donne tout dans l’open space, mais dors 8h chez toi. »
Le monde du travail change. La société prend conscience.
Avec un peu plus d’aisance financière, j’ai pris conscience de l’impératif de préserver sa santé : pour soi, pour sa famille… et pour son entreprise.
Les journées à rallonge doivent être ponctuelles, avec des objectifs immédiats. Cela permet de mieux savourer les pauses cafés et les départs à l’heure pile !
Prenez soin de vous. C’est le meilleur investissement à long terme.
Passionné par le référencement depuis 2012, j'ai démarré le SEO en travaillant sur la levée des pénalités Pingouin / Panda puis sur des E-commerces.
Comment fonctionne le blog ?
La plupart des articles sont issus de questions adressées par e-mail. N'hésitez pas à poser la vôtre ~~
Besoin d'aide pour un projet web ?
Voyons si nous pouvons être complémentaires. Devis gratuit sous 24h par e-mail.